Publié le 8 octobre 2024
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Mis à jour le 10 octobre 2024
Date(s)
le 29 novembre 2024
09h30
Lieu(x)
Campus Sciences du Sport
STAPS - 261 Bd du Mercantour - Nice
Lésions des ischio-jambiers au football : vers un modèle prédictif multifactoriel pluridisciplinaire
Jury :
- Fabienne d’Arripe-Longueville, Professeure des Universités, Université Côte d’Aur – directrice de thèse
- Stéphanie Mériaux, Maîtresse de Conférences Habilitée à Diriger des Recherches, Université Côte d’Azur – co-encadrante de thèse
- Enzo Piponnier, Maître de Conférences, Université Côte d’Azur – co-encadrant de thèse
- Roberta Antonini-Philippe, Maîtresse d’Enseignement et de Recherche 1, Université de Lausanne
- François Delvaux, Professeur Associé, Université de Liège
- Grégory Dupont, Docteur en Sciences du Sport Habilité à Dirigé des Recherches, Felis Performance
- Pascal Edouard, Professeur des Universités - praticien hospitalier, Université Jean Monnet
Résumé :
Réduire l'incidence des lésions des ischio-jambiers (LIJ) est une priorité pour les clubs de football. Pour une prévention efficace, il est essentiel d’identifier les facteurs de risque de manière holistique, en tenant compte de leur contexte. Or, les facteurs de risque intrinsèques de LIJ sont principalement étudiés de manière isolée, en se concentrant sur des caractéristiques personnelles (e.g., âge, antécédents de blessure) et des facteurs physiologiques (e.g., force musculaire maximale, architecture musculaire, souplesse). Des facteurs de risque prometteurs tels que la technique de sprint, la fatigabilité des ischiojambiers, les variables psychologiques et les comportements de santé sont encore peu explorés, et les modèles multifactoriels sont pour l’instant insatisfaisants. Ainsi, cette thèse visait à développer un modèle multifactoriel prédictif à la fois efficace et parcimonieux afin d’identifier les joueurs les plus à risque de LIJ au football. L’étude 1, qualitative, a permis d'identifier des facteurs de risques psychologiques et des comportements de santé favorisant une première LIJ au football. Ces facteurs ont orienté le choix des variables à inclure dans le futur modèle prédictif. À partir d’entretiens semidirectifs et d’une analyse thématique, cette étude a révélé que les joueurs blessés présentaient (i) des facteurs fragilisant (e.g., événements de vie, antécédents de blessures), (ii) des éléments incitant les joueurs à dépasser leurs limites (e.g., buts compétitifs élevés, passion obsessionnelle, perfectionnisme, peur d’évaluations négatives de la part du staff, persistance malgré la douleur) et (iii) une faible littératie en santé, exacerbée par un style de coaching contrôlant de la part du staff. L’étude 2, méthodologique, a permis l’adaptation et la validation française de questionnaires mesurant (i) la qualité de sommeil (AIS-FR) et (ii) l’adoption de comportements pouvant affecter le sommeil (ASBQ-FR) chez les sportifs compétiteurs. Elle a permis d’intégrer des mesures de sommeil, potentiel facteur de risque de LIJ, dans le modèle prédictif. Enfin, l’étude 3, multicentrique avec suivi de cohorte, a permis l’élaboration d’un modèle prédictif des LIJ au football. Chez 120 joueurs et joueuses de football, 60 facteurs de risque potentiels de LIJ ont été mesurés pendant la période de présaison. L'incidence des LIJ dans cette cohorte a ensuite été suivie pendant les 10 mois suivant les prises de mesures. Le modèle final, n’intégrant que huit variables (i.e., âge, sexe, antécédents de blessure, fatigabilité des fléchisseurs du genou, performance de sprint, vulnérabilité perçue aux blessures, et normes subjectives concernant la douleur et la fatigue), a montré de bons indices d’ajustements avec des taux de vrais positifs de 79% et une AUC de 0,82. Ces travaux de thèse ont permis d’identifier des facteurs de risque de LIJ novateurs, intégrant notamment des facteurs psychologiques et la fatigabilité, et de proposer un modèle multifactoriel prédictif des LIJ au football, utilisable sur le terrain après une future validation externe. Les résultats suggèrent une approche pluridisciplinaire de la prévention du risque de LIJ des joueurs, reposant sur le soutien de leur autonomie, le développement de leur littératie en santé et la reconsidération de l’importance de la force musculaire maximale au profit de la résistance à la fatigue. Le modèle prédictif, une fois validé, pourrait améliorer la détection des joueurs à risque de LIJ et aider à optimiser les stratégies de prévention.
Mots clés :
Ischio-jambiers, blessure, facteurs de risque, facteurs psychologiques, football, modèle prédictif.*************************************