Le rapport sur le vieillissement de la Commission européenne de 2009 indique que le nombre de personnes âgées de 65 ans et plus en Europe doublera au cours des 50 prochaines années, passant de 85 millions en 2008 à 151 millions en 2060. Cette population représente plus de 50% des soins de santé et près de 80% des personnes présentant des déficits fonctionnels, entrainant progressivement une perte d’autonomie et sont responsables d’un risque accru d’évolution vers des pathologies neurodégénératives liées au vieillissement. Dans ce contexte, les systèmes de santé sont encouragés à donner la priorité aux objectifs de vieillissement actif et en bonne santé en ciblant les capacités fonctionnelles telles que la marche ou le levé de chaise. Les objectifs du thème 2 sont de mieux comprendre via une approche intégrative les mécanismes impliqués dans la perte d’autonomie fonctionnelle au cours du vieillissement en vue de maintenir ou d’améliorer cette autonomie. L’originalité des travaux menés au sein du LAMHESS réside dans son approche pluridisciplinaire combinant la psychologie sociale, la neurocognition, la biomécanique ainsi que la physiologie et s’articulant autour de l’activité physique et des capacités fonctionnelles.
Trois exemples de projets représentatifs de la thématique :
- Projet SEEFALL “Smart Eyeglasses for Elderly Fall Avoidance and Longer Life”
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En collaboration avec la start-up Ellcie Healthy, créée en 2016 par Philippe Peyrard (25 ans d’expérience dans l’Optique), le LAMHESS met en œuvre un projet de recherche visant à valider et développer des lunettes intelligentes pour éviter les chutes et améliorer la qualité de vie des personnes âgées.
En effet, l’innovation technologique, développée par la start-up, consistant à intégrer une quinzaine de capteurs à la monture de lunettes permet d’envoyer les informations récupérées (e.g., physiques, physiologiques ou environnementales) sur un smartphone. Le développement d’algorithmes d’intelligence artificielle va permettre de traiter puis transmettre des informations et/ou des prédictions relatives à la santé et/ou à la sécurité des porteurs de ces lunettes « connectées intelligentes ». Ces montures de lunettes (dispositif porté le plus acceptable) ressemblent à des montures tout à fait classiques, sans distinction possible de par la miniaturisation de l’électronique embarquée. La collaboration mise en place entre le LAMHESS, la start- up et le CHU de Nice dans le cadre du projet de thèse de J Hellec (codirigée par S Colson, F Chorin et A Castagnetti) s’intéresse plus particulièrement à un cas d’usage pour les personnes âgées relatif à la détection et prédiction de la chute. Dans ce contexte le projet de recherche vise, par exemple, à valider l’utilisation des lunettes comme un indicateur fiable et reproductible de mouvements de la vie quotidienne permettant ainsi un suivi longitudinal des facteurs de risque de chute dans cette population de personnes âgées afin de pouvoir prévenir cet évènement. - Projet de recherche clinique : Fragilité et activité physique
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Ce projet de recherche clinique vise à déterminer de nouveaux marqueurs fonctionnels et psychologiques de la fragilité et d’évaluer les effets d’une prise en charge par l’activité physique sur ces marqueurs. Pour cela, tous les patients de la consultation fragilité du CHU sont évalués avant et après 12 semaines d’entrainement. La consultation est ouverte aux personnes autonomes âgées de plus de 65 ans et doit permettre l’identification des patients pré-fragiles ou fragiles afin de les accompagner vers un vieillissement réussi. Actuellement, 790 patients ont été inclus sur les 970 prévus dans le projet. L’analyse des résultats intermédiaires montre clairement l’importance de la puissance musculaires (force X vitesse) et de la qualité musculaire (force/unité de masse musculaire) dans la défaillance musculaire et la perte d’autonomie, mais également le rôle du profil psychosocial des personnes âgées (personnalité, stéréotypes, motivations).
- Projet NAVE-VISION : Navigation spatiale et vieillissement.
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De nombreux travaux ont mis en évidence un déclin des capacités de navigation spatiale au cours de l’avancée en âge. La majorité des études attribue les déficits de navigation des personnes âgées uniquement au déclin de processus cognitifs de haut-niveau, comme la mémoire, sans jamais prendre en considération les déficits perceptifs liés au vieillissement normal L’objectif de ce projet est d’évaluer les effets du vieillissement normal dans le traitement de l’information visuelle pour la cognition spatiale en lien avec les performances de participants jeunes et âgés. Pour cela nous associons des mesures non-invasives de la dynamique temporelle cérébrale via électroencéphalographie (EEG) et des tâches visuelles sur ordinateur au cours desquelles les participants devront résoudre des tâches de navigation spatiale. Un autre aspect de ce projet est le développement et la validation de la version française de trois questionnaires permettant d’évaluer les capacités de navigation spatiales auprès de participants jeunes et âgés. Ces échelles pourront à terme être utilisées dans un contexte interventionnel afin d’évaluer les effets de l’activité physique sur les capacités spatiales en fonction de l’âge. Les résultats obtenus permettront de mieux comprendre les conséquences du vieillissement sain sur les mécanismes neurocognitifs de la cognition spatiale et de proposer des pistes de réhabilitation novatrices pour le maintien et l’amélioration de l’autonomie des personnes âgées.